Un jumeau numérique pour une agriculture durable
Un jumeau numérique pour une agriculture durable
L'IRT SystemX, Atos et France Pulvé, veulent développer des méthodes pour aider les agriculteurs dans le suivi et la gestion des activités des sols et des couverts végétaux. Surtout, le jumeau numérique des sols servira à connaitre la capacité de stockage carbone des parcelles : un enjeu écologique et financier.
Une agriculture plus souveraine, plus durable et plus résiliente. Tel est l’objectif du programme « French AgriTech » lancé par le gouvernement pour mobiliser la filière agricole autour de l’utilisation du numérique pour la transition agroécologique. L’objectif est important, car le premier pays agricole de l’Union européenne doit accélérer sa 3e révolution agricole, en y associant ses 824.000 agriculteurs. Différents projets sont donc soutenus, dont celui porté par l’institut d’ingénierie numérique SystemX, ses deux partenaires industriels Atos et France Pulvé (groupe Exel Industries) et d’un comité d’experts composé d’ACTA, AgdataHub, l’INRAE et Precifield. Intitulé « Jumeau Numérique des Sols » (JNS), ce projet vise à développer d’ici 3,5 ans (42 mois) « des méthodologies pour faciliter la gestion et l’anticipation des pratiques agricoles ».
Concrètement, le démonstrateur devra d’un côté développer un outil pour accompagner les agriculteurs dans le suivi et à la gestion des activités sur les sols. Une base de connaissances unifiée sera constituée à partir des données disponibles en open source (météorologiques, cartographie des sols, textures des sols), des relevés bio-physico-chimiques effectués sur les parcelles et d’autres mesures issues de capteurs (satellites, drones, engins agricoles avec capteurs, etc.). Ces données spatio-temporelles hétérogènes, multicapteurs et multisources, seront couplées aux historiques de pratiques culturales, puis modélisées et optimisées avec de l’IA. Ainsi les agriculteurs disposeront d’indicateurs pour le soin des cultures ou obtiendront des propositions de recommandation pour leur gestion administrative et réglementaire.
Stocker le carbonne
Surtout, ces données seront structurées et agrégées dans un jumeau numérique prédictif. Elles fourniront des indicateurs précis, fiables et régulièrement mis à jour sur la séquestration du carbone dans les sols. En effet, outre l’aspect scientifique ou écologique de contribuer aux enjeux de réduction des émissions de CO2, la dimension économique est l’objectif principal de ce jumeau numérique et un enjeu clef pour les agriculteurs. En effet, le stockage carbone peut faire l’objet d’une rémunération via la vente de crédits carbone ou d’une prime de valorisation. Il faut donc estimer ces primes carbone et mettre à des indicateurs clefs pour des acteurs bien plus nombreux que les seuls agriculteurs : coopératives agricoles, négociants, utilisateurs au sens large (engins agricoles, fournisseurs d’intrants, syndicats d’eau, éditeurs de logiciels agricoles, agence de notation des sols, etc.) et organismes de conseil.
Démarré le 1er juillet 2023, le projet JNS prévoit d’intégrer de nouveaux partenaires industriels porteurs de cas d’usage, ainsi que l’ajout d’une thèse autour des thématiques hybridation/prévision. Les acteurs intéressés peuvent candidater auprès de SystemX. Enfin, des expérimentations sont prévues dans la Région Grand-Est pour confronter les résultats des diagnostics prédits par le démonstrateur avec des données terrain.
Xavier Fodor
irt-systemx.fr/activites-de-recherche/secteurs-applicatifs/environnement-et-developpement-durable/

