Dupliquer le vivant pour mieux le préserver
Dupliquer le vivant pour mieux le préserver
TerrOïko modélise depuis plus de dix ans le comportement des espèces animales en fonction des projets d’aménagement des territoires. Son objectif: préserver la biodiversité face aux activités humaines. Simulation des dynamiques démographiques et des déplacements des espèces au sein d'un réseau écologique de milieux humides avec l'outil SimOïkoFondée par deux docteurs en agroécologie, en 2012, TerrOïko est à l’origine un projet d’études en génie écologique. Dans le cadre d’une thèse, l’outil SimOïko est développé afin de modéliser le cycle de vie des espèces. Ce dernier doit être accompli pour assurer la préservation des animaux, mais il est mis en danger lors d’opérations d’aménagement des sols. L’intérêt autour de SimOïko a emmené son créateur à industrialiser la solution plutôt en avance de phase à l’époque. À ce jour, la modélisation écologique s’insère pleinement dans les démarches. «Les évolutions règlementaires demandent aujourd’hui une obligation de résultat. Elle n’est atteignable qu’avec la preuve par modélisation que le cycle de vie des animaux ne serra pas gravement impacté», développe Christophe Plotard, Chargé de communication et marketing et Chargé d'études SIG au sein de TerrOïko.
Suite au développement du premier outil, l’entreprise s’est diversifié pour finalement se spécialiser en deux grands métiers : l’édition de logiciel et l’analyse automatique de données issues de capteurs photo, par IA. La seconde compétence est utile pour le suivi des présences animalière aux abords d’infrastructures de transport. «Nous venons répondre aux sollicitations des bureaux d’études, de collectivités, d’entreprises de BTP ou encore d’espaces naturels. Nous menons des études d’impacts et des diagnostics écologiques.»
Modéliser le vivant, un défi
Paramétrage d'une simulation avec le logiciel SimOïko avec la possibilité de configurer sur-mesure du cycle de vie des espècesLe cycle de vie des animaux est modélisé sur 10, 20 ou 50 ans, en comprenant notamment les déplacements. «SimOïko permet de prédire et d’évaluer la probabilité qu’une espèce a d’évoluer, de se développer ou de disparaître», assure Christophe Plotard. Les résultats sont issus du croisement de deux types de données: des données géographiques et des données sur les espèces. Respectivement, elles reprennent l’occupation des sols, les milieux naturels, la typologie des milieux et des informations issues de la littérature scientifique (fécondité des animaux, distances parcourues, etc.). «Nous réactualisons régulièrement nos données en travaillant en collaboration avec des laboratoires.»
Détection des secteurs à fort risque de collision avec des trains à l'aide d'une simulation des déplacements de trois espèces de la grande faune sauvage
Un algorithme se charge de mettre en lien cet ensemble d’information, espèce par espèce. En analysant les simulations cas par cas, il est possible d’observer des conséquences positives sur certains et négatifs pour d’autres, dans le cas d’aménagement comme une autoroute.
«Nos résultats sont toujours confronté à l’avis d’experts. Par exemple, nous présentons nos cartes aux fédérations de chasseurs afin de recueillir leurs avis et confirmer la modélisation. Notre but est de nous assurer que les scénarios sont réalistes. C’est aussi pour cette raison que l’on couple les modèles avec des données de terrain comme les photographies analysées par IA. De cette manière, les modèles peuvent être améliorées et ils évoluent.»
Une solution pour des enjeux plus qu'actuels
Les actions et politique autour de la renaturation des villes peuvent tirer partie de cette technologie afin d’identifier le potentiel des territoires et des zones à prioriser pour un retour de la biodiversité. L’élaboration des documents d’urbanismes dans la planification territoriale ou encore la problématique de pollution lumineuse sont des enjeux sur lesquels TerrOïko peut intervenir. «Notre position nous amène à identifier les scénarios les moins impactant et de proposer des mesures afin de compenser les impacts.»
SimOïko ne se limite pas au terrestre. La jeune pousse est capable de modéliser les déplacement aériens en vue d’installation éolienne, par exemple pour évaluer les risques de collision. «Pour le moment, l’outil est destiné à être utilisé en interne. Mais la version commerciale est en cours de finalisation avant d’être installée sur la machine des utilisateurs. L’interface utilisateurs est également améliorée graphiquement pour une utilisation plus ergonomique et intuitive.»Simulation des déplacements aériens d'une espèce d'oiseau et évaluation d'un système de réduction du risque de collision avec des éoliennes
L’entreprise devrait intégrer des données climatiques d’ici quelques temps, afin de prendre en compte les contraintes et conséquences du changement climatique. Des projets sont d’ailleurs en cours avec des modélisateur climatique, permettant d’étudier l’occupation des sols, des milieux naturels, etc. Quant à l’eau, il s’avère encore compliqué de simuler les comportements des espèces marines puisque les mers et océans comprennent de nombreuses données, c’est cependant en cours de développement. De même pour l’eau douce et pour les animaux qui la peuplent, des travaux sont en cours. En tout cas, l’importance de modéliser ces parties de l’écosystème, notamment avec les questions d’éolien en mer, a bel et bien été saisi et ne demande que quelques avancées.