L’estuaire de la Gironde se numérise
L’estuaire de la Gironde se numérise
Afin de mener à bien des projets de préservation de l’estuaire de la Gironde, de nombreux acteurs se sont réunis pour construire un outil d’étude et de surveillance. Ce territoire aquatique se dote d’un jumeau numérique.
Les jumeaux numériques du fleuve est un projet ambitieux initié par le Grand Port Maritime de Bordeaux. Il vise à numériser l’ensemble de l’estuaire de la Gironde. Ce projet a démarré en 2021 dans le cadre d’un plan de relance portuaire avec l’aide de France Relance. Sous la forme d’un partenariat d’innovation, il a été construit en deux phases, l’une de recherche et l’autre de développement. La première phase a été lancée par un Hackathon organisé en janvier 2022 et comprenait quatre groupements d’entreprises candidats. Le jury était composé de différents acteurs de la gestion de l’eau. L’ambition était de confronter les idées et d’avoir une vision de ce que pourrait être le jumeau numérique à 2030.Organisation de l'écosystème des Jumeaux numériques du fleuve ©GPMB
C’est Egis, Oslandia et Fieldbox qui ont été retenus pour le développement de ces outils. Inauguré officiellement en avril dernier l’objectif de ces jumeaux numériques est clair : « C’est un environnement automatisé avec des ressources de calcul mobilisable, présente Michel Le Van Kiem, Directeur développement et innovation au Grand Port Maritime de Bordeaux. Nous faisons cohabiter des modèles opérationnels ainsi que des modèles expérimentaux. C’est un travail collaboratif. Nous proposons des modules métiers, avec des représentations SIG des résultats, comme les caractéristiques des milieux.
L’environnement est composé de différents outils. D’abord, la plateforme GIROS nous permet de surveiller l’estuaire et le littoral. Elle propose des prévisions et des indicateurs de tendances d’évolution sur trois mois. Elle rassemble des analyses des historiques, des représentations de données physico-chimiques et dispose d’une gestion des alertes. L’outil LISOS offre des simulations numériques avec des ressources de calculs hautes performances. Quant à Garonne 2050, il est ouvert au grand public et propose une simulation des impacts du changement climatique issue des prévisions du GIEC, afin de sensibiliser les citoyens. »Visualisation de l’évolution de la hauteur significative des vagues ©GIROS/NAOS
Des outils collaboratifs
Prévision de la salinité de surface ©GIROS/NAOSPour les simulations les équipes ont fait appel au moteur de calcul d’EDF openTELEMAC pour modéliser l’hydraulique environnementale à surface libre. Il réunit des modèles bathymétriques du fleuve, de débit et du mouvement des marées et des sédiments. Ce sont des données en temps réel qui alimentent le modèle. « Pour compléter notre matériel et celui des universitaires déjà présents sur l’Estuaire nous disposons d’un capteur mobile, une vedette de sondage, ajoute Michel Le Van Kiem. Nous mesurons la turbidité, à l’aide de satellites. Cet ensemble d’outils aide les acteurs de l’eau à anticiper les effets du changement climatique sur le territoire, que ce soit l’augmentation du niveau de la mer, la raréfaction de l’eau, le débit… Les répliques virtuelles ont pour but d’éclairer les décideurs. Mais également de gérer et de prévoir les travaux de dragage.
Pour enrichir nos modèles numériques, nous mettons à disposition l'accès à la forge communautaire régionale NAOS afin de favoriser le partage du patrimoine numérique régional. Nous avons mis en place d’autre part, une communauté d’utilisateurs en novembre 2022. L’objectif est de fédérer les acteurs de l’eau pour répondre aux changements environnementaux. L’avantage c’est que nos outils n’ont pas de licence particulière et sont accessibles à tous avec un code de connexion. C’est un écosystème basé sur l’Open Source et il est interopérable. Afin de travailler sur leur réplicabilité, nous échangeons avec des gestionnaires de l’eau d’autres communes. Pour parvenir à intégrer de nouveaux modèles sur la plateforme. Nous avons pour ambition d’augmenter la communauté à un plus large territoire. »
Des équipes travaillent déjà sur la modélisation d’un autre estuaire, celui du Saint-Laurent dans la région du Québec. Une rencontre a d'ailleurs eu lieu début juin 2023 entre une délégation du Grand Port Maritime de Bordeaux, de NAOS et la mairie de Québec ainsi que ses acteurs locaux afin de présenter ce projet. Le déplacement des bordelais était l'occasion d'exposer une première réplication des jumeaux numériques du fleuve sur le Saint-Laurent au WAQ (Web à Québec) et de renforcer ses relations avec le port de Québec et celui de Montréal. Ce dernier étant intéressé par le développement des communautés des Jumeaux numériques du fleuve au Canada.
Effectivement, la résilience et la protection de la ressource eau sont des enjeux qui ne concernent pas seulement l’Estuaire de la Gironde. Après le jumeau numérique de la France entière de l’IGN pourquoi pas celui de l’ensemble des fleuves français.
Kim Janiec
jumeaux-fleuve.naos-cluster.tech
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