Les jumeaux numériques se construiront-ils en LoRA ?

Publié le 12 novembre 2025 par Morgane Olès

Les jumeaux numériques se construiront-ils en LoRA ?

Dans le monde de l’IoT, la technologie LoRA apparaît souvent comme un incontournable. Mais qu’apporte-t-elle exactement face à d’autres protocoles de communication ? La rédaction de Twin+ s’est rendu au salon SiDO Lyon pour poser la question à des experts.

 Jeremy Rosen présentait une solution en LoRa Mesh sur le stand de Smile, à SIDO Lyon.

LoRA, LoRAWAN, gateways LoRA… Au salon SiDO Lyon, événement clé en France pour le monde des objets connectés, le terme est partout. De nombreuses entreprises se basent sur la technologie LoRA pour développer leurs services IoT. Par extension, elle a donc pris de l’importance dans l’univers des jumeaux numériques, en tant qu’outil permettant la remontée de données en quasi-temps réel.

LoRA (Long Range) est une technologie de modulation radio dite « à spectre large », qui présente la particularité d’offrir une longue portée à faible puissance. Initialement développée par l’entreprise française Cycleo en 2009, elle a été finalisée après son rachat par Semtech, en 2012. Elle s’est largement popularisée dans le monde de l’IoT depuis une dizaine d’années, notamment avec l’apparition du protocole de communication LoRaWAN. Cette technologie a d’ailleurs survécu à d’autres concurrents développés à la même période, tels que SigFox.

« Cette technologie peut être utilisée sur une longue portée, et elle est relativement simple d’installation, ce qui permet de réduire les coûts », pose d’emblée Evan Robert, expert IoT et M2M pour Airicom. À cela s’ajoute le fait que LoRA utilise des bandes de fréquence libres, utilisables sans redevance, ce qui permet notamment de créer des réseaux indépendants des opérateurs. L’un des arguments clés avancés par la plupart des entreprises est aussi la faible consommation énergétique de cette technologie, par rapport à la portée qu’elle offre. Jusqu’à cinq, voire dix ans d’autonomie pour des capteurs sans fil LoRAWAN, pose Evan Robert. Un constat que nuance toutefois Yann Poisson, directeur commercial de Thermokon. « La portée peut dépendre des matériaux sur place. De plus, selon la distance, la consommation peut aller du simple au centuple : cela demande donc une configuration fine, et de l’intelligence dans le déploiement. Par contre, c’est le premier protocole qui peut aller en sous-sol, et en extérieur également », souligne-t-il.

Une solution pour l'extérieur

C’est d’ailleurs une solution pour l’extérieur que présente en démonstration Jeremy Rosen, responsable de l’expertise embedded et IoT de Smile sur le stand de l’entreprise… Mais sous une configuration bien particulière. « Il s’agit d’un réseau mesh en LoRA, pour la détection des feux de forêt », explique-t-il. Concrètement, un détecteur de gaz envoie un message au nœud le plus proche via LoRA, qui le relaie lui-même au nœud le plus proche, jusqu’au final qui alerte les pompiers. L’intérêt de cette configuration est qu’on ne dit pas à l’information par où passer : elle choisit elle-même le chemin le plus pertinent.

Pour autant, LoRA n’est pas dépourvue de limites. « Certes, LoRA couvre de longues distances, avec peu de transfert de données. Mais il est difficile d’obtenir 100 % de remontées de données et ce système suppose aussi une certaine latence. Il ne peut pas couvrir des applications critiques qui mettraient en jeu des vies humaines, rappelle Gregory Boishult, expert en développement technologique chez Sphinx. Mais pour les Smart cities, ou en industrie, aucun problème. »

Côté concurrence, il existe bien entendu des solutions alternatives, mais qui n’offrent pas nécessairement les mêmes atouts. « Il y a eu une floraison d’offres IoT ces dernières années, car plusieurs technologies sont arrivées à maturité en même temps, raconte Jérémy Rosen. Maintenant, ça commence à se calmer, car un tri a été fait. Par exemple, Sigfox a coulé, sans doute en raison des barrières à l’entrée qu’imposait ce logiciel propriétaire. »  En revanche, explique-t-il, la 5G constitue un concurrent pour LoRA, puisqu’elle s’appuie sur un réseau existant et bien fourni, en plus de proposer une solution bas débit. « Cependant, elle ne permet pas de créer son propre réseau custom ».

« Ça a explosé, car c’était la seule solution qui permettait d’être propriétaire de son réseau, le tout pour un coût fixe, confirme Gregory Boishult. LTE-M et NB-IoT sont des concurrents annoncés de LoRA, mais ils me semblent moins présents sur le marché pour le moment. »  Pour Evan Robert, les possibilités offertes par LoRA sont encore à explorer : « on est au début de ce que peut proposer Lora. Il y a dix ans, c’était encore une technologie très peu connue. Maintenant, on trouve cette solution dans beaucoup de bâtiments », conclut-il.

  Morgane Olès


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