​Les jumeaux numériques réinventent la culture chinoise

Publié le 24 juin 2024 par Frédéric Delarue

Les jumeaux numériques réinventent la culture chinoise

Un jumeau numérique développé par Lenovo et l'école d'architecture de l'Université Tsinghua donne un nouveau souffle à trois pans essentiels de la culture chinoise : le tourisme, la préservation du patrimoine et la recherche académique.

© CC Patrick StreulLe patrimoine culturel a rapidement pris le train de la quatrième révolution industrielle pour préserver et transmettre ses joyaux, mais aussi pour les rendre accessibles au plus grand nombre. Les jumeaux numériques permettent d’entrer dans un musée, de sécuriser et pérenniser un lieu fragile et sensible aux évolutions des sociétés modernes ou encore recréer virtuellement des poteries ou monuments détruits.

Avec la Tour Eiffel et celle de Pise, la pagode Sakyamuni, dans le temple Fogong, en Chine, fait partie des «Trois tours merveilleuses du monde». Mais les ravages du temps, des guerres et des catastrophes naturelles ont forcé les autorités de la province de Shanxi à fermer l’accès du temple bouddhiste en 2010. Erigée en 1056, haute de 67 mètres et renfermant 23 étages pour un poids total de 7.400 tonnes, Sakyamuni est la doyenne mondiale des tours en bois et classée par l’UNESCO.

Afin de préserver la pagode, mais aussi lui donner une plus-value touristique et en faire un outil de pointe pour les chercheurs, un jumeau numérique de Sakyamuni a été inauguré le 26 avril dernier. Le projet, baptisé «Smart Yingxian Pagoda», est développé conjointement par Lenovo et l'École d'architecture de l'Université Tsinghua. Il met en œuvre la technologie combinée d'informatique spatiale AIGC, intégrant l'intelligence artificielle (IA) et la réalité étendue (XR). L’objectif est de recréer les moindres aspérités des statues et les plus petites craquelures des essences de bois. « C'est la première fois que la technologie Lenovo Space Computing AIGC est appliquée à la protection du patrimoine culturel », a déclaré avec fierté le vice-président de Lenovo, Mao Shijie.

Dialoguer avec le passé

Le projet qui a nécessité un an de travail et de développement, a débuté par la collecte des données spécifiques de la pagode à l'aide de drones et de caméras radars. Les big data ont été passées à la moulinette du deep learning et du réseau neuronal artificiel pour lister les coordonnées tridimensionnelles. Ensuite, l’IA et le modélisateur ont assemblé un jumeau numérique qui a enfin été implémenté d’une technologie de réalité augmentée pour une transition fluide entre la réalité et le monde virtuel. Le programme «Smart Yingxian Pagoda  a nécessité la mise en œuvre de 15 millions de polygones de matériaux de base, 60.000 lignes de code Unity, et les modèles ont été réduits à 4,2 giga-octets.

Résultat? Équipés de lunettes de réalité virtuelle, le chercheur et le touriste peuvent explorer les salles anciennes de la pagode Sakyamuni. Le jumeau numérique recrée les cinq premiers étages de la tour, propose de dialoguer avec le père de l’architecture chinoise moderne, Liang Sicheng (décédé en 1972), de vivre des scènes historiques ou encore de participer à des animations avec des statues de Bouddha renfermant des écritures anciennes. Une expérience interactive unique qui permet d’appréhender la vie présente et passée de la pagode, qui allie la préservation du patrimoine et un tourisme florissant dans la province de Shanxi qui enregistre un record d’affluence au printemps 2024.

  Frédéric Delarue


  arch.tsinghua.edu.cn

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