Lancement du Hub IDTA France: un pas décisif pour le jumeau numérique industriel
À l’occasion de Global Industrie, le Gimelec lance le Hub IDTA France. Son objectif est de déployer sur le territoire français le premier standard international pour les jumeaux numériques industriels.
Portée par le concept d’Industrie 4.0, l’importance du jumeau numérique a considérablement augmenté dans le secteur manufacturier. Lancé en septembre 2020 en Allemagne, l’Industrial Digital Twin Association (IDTA) est un consortium d’entreprises issues de différents secteurs industriels qui partagent l’objectif commun de la normalisation du jumeau numérique.
«L’objectif principal de l’IDTA est d’adapter et de promouvoir le premier standard international, l’Asset Administration Shell (AAS), explique Matthias Bölke, Président du conseil d'IDTA en Allemagne, par ailleurs vice-président Strategy Industrial Automation chez Schneider Electric. Nous avons commencé ce travail avec 20 membres fondateurs il y a 4 ans et nous atteignons aujourd'hui 120 membres dans 20 pays. Nous mettons maintenant en place un standard open source de qualité industrielle pour le jumeau numérique. C’est-à-dire que nous nous intéressons à la modélisation de fonctionnalités dans les machines, les systèmes et les chaînes de fabrication. Dès qu’une fonctionnalité est disponible, nous la mettons à disposition de tous de manière agile. En parallèle, nous sommes en train de standardiser ce modèle à l’IEC, la Commission électrotechnique internationale, pour qu’il soit vraiment reconnu par tous à l’international».
Depuis environ un an, l'IDTA mène un autre travail sur son propre déploiement international. De premiers hubs ont ouverts aux États-Unis, en Espagne et en Autriche. «Nous adressons aussi d’autres pays où se formalisent des accords, comme en Corée et au Japon, deux pays qui sont très proches de ce qu'on fait avec l'industrie IT en Europe et qui suit très près nos technologies», assure Matthias Bölke. Pour son installation en France, IDTA s’est logiquement tourné vers le Gimelec qui rassemble la filière électronumérique en France. Ce groupement s’appuie sur plus de 210 entreprises de toutes tailles du secteur, des confrères néanmoins concurrents qui co-construisent des actions sur des thématiques ayant un impact concret sur la filière. «Au sein du comité Industrie, nous avons plusieurs domaines d'actions, dont les systèmes d'information OT, précise Virginie Charles, Déléguée Industrie au Gimelec. Nous hébergeons des clubs qui réfléchissent au déploiement sur le marché français de technologies qui nous paraissent pertinentes. Le jumeau numérique a aujourd'hui pris tout son sens et toute son ampleur, et nous nous devons d’être tout à fait porteurs de ce type de technologie, en nous appuyant sur une structure déjà existante comme l’IDTA dans laquelle beaucoup de membres du Gimelec sont déjà présents. L’enjeu est maintenant d’offrir un foyer français pour écrire une feuille de route pour notre territoire en lien avec les objectifs et les enjeux de la technologie. Notre rôle est aussi d’agir avec les instances de l'État et de pousser des technologies pour que les transformations puissent être accompagnées de subventions. Enfin, iI s’agit de réunir autour d’une table tout le tissu et l'écosystème industriel : partenaires, experts, institutions et utilisateurs finaux».
Un écosystème collaboratif de pointe
De fait, le jumeau numérique s’implante bien dans l’industrie et de nombreux cas d’usage se développent. «Nous parlons maintenant de son niveau de maturité. Aujourd’hui, beaucoup de sociétés ont des développements numériques très poussés en matière de conception ou de simulation. Au-delà de cette ingénierie intéressante pour un premier niveau de jumeau numérique, elles doivent s’intéresser à la gestion du cycle de vie des produits. En effet, en tant qu’éléments clés du passeport numérique des produits (DPP), les jumeaux numériques favorisent l’économie circulaire en assurant un suivi du cycle de vie tout au long de la chaîne de valeur. Ils permettent également la maintenance prédictive et optimisent l’utilisation des machines grâce à l’interopérabilité et à la collecte de données. Le travail sur la collaboration est ainsi fondamental et il passe par la standardisation», affirme Jean-Pascal Riss.
Vice-Président, partenariats stratégiques et relations industrielles chez Schneider Electric, c’est lui qui endosse le rôle de Président du Hub IDTA France. Il en détaille les missions: «Comme les autres hubs dans le monde, IDTA France a vocation à être multifacettes. D’abord, nous allons réunir les personnes et les solutions qui permettront de faire des jumeaux numériques. L’objectif est de progresser ensemble pour accélérer la digitalisation industrielle en France, même s’il y a déjà beaucoup de sociétés françaises membres du hub IDTA en Allemagne. L’enjeu est de déployer des cas d’usage sur notre territoire en embarquant des utilisateurs finaux pour que cette technologie se développe et soit plus massivement adoptée».
Le hub IDTA France prévoit ainsi d’organiser un écosystème collaboratif de pointe, dédié au développement du jumeau numérique en France et de l’étendre jusqu’au secteur académique et au monde de la recherche. Et comme les choses s’accélèrent, l’objectif est d’organiser un premier Techday d’ici la fin de l’année. Il s’agira aussi de regarder au-delà de l’industrie, les connexions assez évidentes avec les méthodologies qui s’installent dans d’autres secteurs comme le bâtiment, l’énergie ou le transport. «Nous ferons tout ce qu’il faut pour connecter les technologies IT et OT et développer de nouveaux modèles économiques et renforcer la compétitivité de l’industrie dans une optique européenne et internationale», affirment à l’unisson Matthias Bölke et Jean-Pascal Riss. Avec cette implantation en France, l’IDTA confirme sa volonté de fédérer un écosystème international autour d’un standard industriel commun. Un pas important pour l’interopérabilité, l’innovation et la compétitivité du tissu industriel européen.
gimelec.fr/nos-missions/clubs/hub-idta-france/
